21.11.2024
Biden, entre Brejnev et Eltsine
Correspondances new-yorkaises
4 mai 2023
Il l’a fait. Le vieil homme qui avait introduit devant les caméras du monde entier sa petite fille en la présentant comme son fils, Beau, décédé depuis plusieurs années, a annoncé sa candidature à un nouveau mandat présidentiel.
Alors qu’il vient à peine d’entamer la seconde partie de son premier mandat, Joe Biden, 80 ans, le plus vieux président américain en exercice se voit encore occuper le Bureau ovale en janvier 2029…
Notre Jedi national dit qu’il est le seul rempart face à Trump et aux néofascistes qui menacent l’Amérique. On aimerait que tout cela fasse partie d’un plan savamment concocté et ayant pour objectif de le voir gagner l’élection puis démissionner rapidement afin de laisser la place à Kamala Harris. Et cela, afin que celle-ci ne se trouve pas embringuée dans une campagne des primaires d’où elle pourrait sortir endommagée par les attaques de ses potentiels rivaux démocrates.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. Loin de là. Biden n’aime pas Kamala Harris. C’est le moins que l’on puisse dire. Et on sait pourquoi il a dû se résigner à deux reprises à la prendre comme colistière. La vice-présidente, injustement marginalisée sur la scène intérieure par la garde rapprochée du chef de l’État – trop talentueuse ? – faisait néanmoins jusqu’ici plus ou moins figure de dauphine pour 2024. En disant vouloir se représenter, Joe Biden donne donc à penser qu’elle n’est pas prête à lui succéder. Ce qui implique que dans le cas possible où il ne pourrait aller jusqu’au bout de sa candidature, Kamala Harris, en partie décrédibilisée en tant que « successeur naturel », serait loin d’être assurée de remporter l’élection. Good job Mr. President !
Il y a du Brejnev chez Biden quand on sait son état de santé. Du Eltsine surtout, quand on connaît son entourage, cramponné au pouvoir et isolant le président des réalités politiques du moment.
Près de 60% des démocrates et 70% des États-Uniens dans leur ensemble sont opposés à la nouvelle candidature de Joe Biden.
Espérons que l’hubris du vieillard qui avait promis qu’il ne briguerait pas un second mandat ne coûtera pas à l’Amérique sa démocratie.
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Essayiste et chercheur associé à l’IRIS, Romuald Sciora vit aux États-Unis. Auteur de plusieurs ouvrages sur les Nations unies, il a récemment publié avec Anne-Cécile Robert du Monde diplomatique « Qui veut la mort de l’ONU ? » (Eyrolles, nov. 2018). Ses deux derniers essais, «Pauvre John ! L’Amérique du Covid-19 vue par un insider » et « Femme vaillante, Michaëlle Jean en Francophonie », sont respectivement parus chez Max Milo en 2020 et aux Éditions du CIDIHCA en 2021.