20.11.2024
Guerre en Ukraine : « La stratégie énergétique européenne est en train d’être bouleversée »
Presse
3 mars 2022
Pour l’instant, le principal aspect reste la question énergétique. Les flux énergétiques sont moins affectés qu’on pourrait le penser à l’heure actuelle au regard de cette guerre en Ukraine. Mais au cours des dernières années, on est devenus de plus en plus dépendants de la Russie pour le gaz. En Europe, cela représente plus du tiers des importations, et surtout on avait ces grands projets, en particulier l’Allemagne, de contournement de l’Ukraine pour importer davantage de gaz russe. Ces projets sont a priori abandonnés, et on n’a pas d’alternative pour ce secteur-là. On voit les tensions sur les marchés. La stratégie énergétique européenne est en train d’être bouleversée, du fait des relations qui vont être complètement modifiées avec la Russie. On aura des bouleversements dans les mois, les années à venir.
Cela peut-il saper la croissance économique qui repartait au sortir de la crise de Covid-19 ?
Cela s’ajoute à différents effets. Les prix de l’énergie flambaient déjà en raison de cette sortie de la pandémie avec un très fort rebond, et une pénurie sur certaines matières premières, en particulier énergétiques. Pour un pays aussi importateur que la France et l’Europe en général, cette flambée des prix affecte fortement la croissance et menace le rebond. Mais cela reste difficile à mesurer : on avait un très fort rebond en 2021, à partir du creux de 2020, on s’attendait à ce que les choses se lissent cette année. Mais des prix de l’énergie aussi élevés concernent de très larges secteurs, notamment l’agroalimentaire.
On importe aussi des métaux rares de Russie, qui servent à l’industrie. Des conséquences sur notre production industrielle et les emplois dans l’industrie sont-elles envisageables ?
On est sortis de la pandémie avec des pénuries dans de très nombreux secteurs, cela s’y ajoute encore. Les sanctions, assez concentrées sur le secteur bancaire, posent un certain nombre de problèmes pour les paiements. Les flux ne sont pas complètement arrêtés comme on le voit sur l’énergie. Cela permet d’avoir un certain temps pour développer des alternatives, ce qui se traduit parfois par des prix plus élevés, et pas forcément des pénuries.
Propos recueillis par France info.