20.11.2024
Un échec du scrutin serait le plus fatal au pays
Presse
23 décembre 2021
Le maintien de l’échéance était nécessaire pour accélérer le processus de paix et la reconstruction du pays et pour éviter un vide politique qui pourrait encourager un retour des affrontements. II y a urgence à sortir le pays du chaos, mais la crise nécessite du temps pour organiser les élections dans les meilleures conditions. Un échec du scrutin serait plus fatal au pays que son report.
Les candidatures du fils Kadhafi et du maréchal Haftar sont-elles légitimes ?
Ces candidats sont contestés d’un point de vue légal mais surtout d’un point de vue moral. Beaucoup de Libyens verraient d’un mauvais œil le retour du fils de Pancien dictateur et l’élection de Haftar pourrait pousser les milices de l’Est à une rébellion.
Quel est le poids des ingérences étrangères ?
La situation libyenne est très dépendante des acteurs étrangers que sont la Turquie, la Russie, l’Égypte et les Émirats. La solution de la crise dépend d’un consensus régional malheureusement très fragile vu les intérêts contradictoires.
Quel rôle joue la France ?
Elle est dans une posture confuse. La France a toujours soutenu le processus de paix onusien qui reconnaît le gouvemement d’union nationale mais, dans le même temps, elle continue de soutenir le maréchal Haftar contre le spectre des Frères musulmans au pouvoir et reste séduite par la solution d’un homme fort pour stabiliser la Libye.
Est-ce un échec après la conférence du 12 novembre à Paris ?
La France qui a une dette morale après l’intervention de l’OTAN en 2011 a fait pression pour maintenir la date du 24 décembre. L’échec de l’assaut du maréchal Haftar sur Tripoli et de la solution militaire qu’il incarnait est un autre
désaveu pour la France. Paris, qui devrait revoir sa stratégie, cherche un consensus européen sur la question libyenne avec l’Allemagne et l’Italie.
Propos recueillis par Luc Chaillot pour l’Est républicain.