13.12.2024
Droit de réponse de l’OIF à l’interview « « Femme vaillante – Michaëlle Jean en Francophonie » – 3 questions à Romuald Sciora »
Édito
22 décembre 2021
La porte-parole semble cependant méconnaître à la fois les éléments du cadre du débat intellectuel français et l’attachement viscéral de l’IRIS à la liberté d’expression des chercheurs. Il n’y a pas de position officielle de l’IRIS sur aucun sujet, chaque chercheur est libre d’avoir les opinions qu’il souhaite même si elles peuvent déplaire à des institutions officielles.
L’interview représente les opinions personnelles de Monsieur Romuald Sciora. Je n’ai pas à être en accord ou en désaccord avec lui, ce sont ses opinions. Mon rôle en tant que directeur est uniquement de garantir sa liberté et sa capacité à résister à des pressions extérieures.
Il est peut-être envisageable que ceci conduise à ce que l’IRIS n’ait plus de relations avec l’OIF, mais la liberté des chercheurs ne se marchande pas. Nous avons l’habitude d’en subir les conséquences négatives et la fierté de la garantir. Notre soucis du débat contradictoire nous conduit évidemment à publier ce droit de réponse.
Droit de réponse à l’éditorial/point de vue de M. Pascal Boniface :
Ayant pris connaissance de l’éditorial/point de vue de M. Pascal Boniface « « Femme vaillante – Michaëlle Jean en Francophonie : 3 questions à Romuald Sciora », publié le 9 décembre 2021 sur le site Internet de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) tient à exercer son droit de réponse.
Nous comprenons que cet éditorial/point de vue repose sur trois questions posées par Pascal Boniface à M. Romuald Sciora, chercheur associé à l’IRIS à l’occasion de la parution de son ouvrage « Femme vaillante – Michaëlle Jean en Francophonie », aux éditions CIDIHCA France.
Nous considérons que les éléments avancés par M. Romuald Sciora comportent des avis non vérifiés, des inexactitudes, voire de fausses informations. Nous regrettons qu’il n’ait pas procédé à une vérification rigoureuse des faits dans son ouvrage, qui caractérise en général le sérieux du travail de l’IRIS, et tenons à apporter un certain nombre de clarifications.
1/ L’auteur avance que l’OIF serait aujourd’hui en danger en insinuant que Mme Louise Mushikiwabo « n’a pas la légitimité nécessaire pour incarner les valeurs de la Francophonie, et ce en tant qu’ancienne représentante d’un pays anglophone qui ne respecte pas vraiment la démocratie ni les droits de l’homme. Et que cela induit un manque de visibilité de l’OIF sur la scène mondiale de plus en plus manifeste ».
Nous nous inscrivons en faux contre cette interprétation : Mme Mushikiwabo a toujours incarné les valeurs de la Francophonie et elle a mis au cœur des priorités de son mandat : la paix, la diversité, la langue française, l’économie, le numérique, l’égalité femmes hommes et la jeunesse. D’ailleurs, les Ministres et chefs de délégation des Etats et gouvernements membres de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) ont exprimé le 10 décembre dernier leur soutien à la modernisation de l’OIF et salué les avancées du travail de transformation de l’OIF menés par la Secrétaire générale. De plus, on ne peut pas dire que le manque de visibilité de l’OIF sur la scène mondiale soit de plus en plus manifeste, bien au contraire. Madame Mushikiwabo est de nationalité rwandaise, pays membre fondateur de l’Organisation internationale de la Francophonie et qui compte quatre langues officielles dont le français et l’anglais. Le Rwanda est donc un pays multilingue, comme la majorité des pays membres de la Francophonie, au sein desquels la langue française côtoient d’autres langues, à l’instar par exemple, du Canada, pays de la précédente Secrétaire générale.
2/ Un autre danger menacerait l’organisation : « le fait que le poste de Secrétaire générale soit presque systématiquement octroyé à un Africain, ce qui traduirait la mainmise de l’Union africaine sur l’OIF, qui n’en serait que sa chasse gardée ».
Cette lecture traduit la méconnaissance du fonctionnement de l’OIF – qui est basé sur le principe du consensus – et sa réalité géopolitique, puisque plus de la moitié des membres n’appartient pas à l’Union africaine.
3/ L’auteur indique enfin qu’il n’est pas certain que l’OIF ait un avenir au prétexte qu’en « offrant l’OIF à Paul Kagame, le président français n’aura pas seulement abandonné une organisation qui aurait pu devenir un formidable instrument de développement au service de tous, mais il aura contribué à envoyer aux poubelles de l’histoire le rêve d’un grand ensemble culturel et économique francophone esquissé par les pères fondateurs Léopold Sédar Senghor et François Mitterrand ».
Là encore nous ne pouvons souscrire aux propos de l’auteur : Louise Mushikiwabo, qui a pris ses fonctions de Secrétaire générale de la Francophonie en janvier 2019, a reçu des chefs d’État et de gouvernement réunis en 2018 au Sommet d’Erevan (Arménie) le mandat de moderniser l’OIF pour la rendre plus efficace et mieux à même de répondre aux attentes des populations de ses États et gouvernements membres. Les résultats de ce changement en profondeur sont déjà visibles et salués par les pays membres : une programmation plus stratégique et recentrée avec plus d’impacts pour les populations francophones et attractive pour d’autres bailleurs ; un réseau efficace de Représentations extérieures bien aligné sur les stratégies de l’Organisation et susceptible de renforcer son influence dans le monde ; ainsi que de nouveaux processus et systèmes de contrôle et d’information qui contribueront à son efficacité. Une transformation que la Secrétaire générale continuera à mener en 2022, de manière intégrée, inclusive et participative. Pour finir, nous tenons à préciser, contrairement à ce qui indiqué, que la Syrie ne fait pas partie des 54 États membres de plein droit, 7 membres associés et 27 observateurs de la Francophonie. Impossible de conclure sans relever la fausse information citée dans votre article, selon laquelle «Sous Macron, il n’y a même pas de ministre délégué ou de secrétaire d’État qui soit dédié à la Francophonie». Nous tenons à vous informer que le ministre délégué en charge de la Francophonie est M. Jean-Baptiste Lemoyne, le ministre délégué chargé du Tourisme, des français de l’étranger et de la Francophonie.
Oria K. Vande weghe
Directrice de la Communication et porte-parole de la Secrétaire générale.