ANALYSES

La Chine « joue sur deux tableaux : faire peur tout en maintenant le dialogue avec Taïwan »

Presse
31 octobre 2021
Pourquoi assiste-t-on à un regain de tensions entre la Chine et Taïwan ?

En réalité, les choses vont crescendo depuis janvier 2016 et l’élection à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, issue du Parti démocratique progressiste qui compte une frange indépendantiste. Pékin a fortement condamné cette élection et renforcé l’isolement de Taïwan alors même que Tsai Ing-wen a simple ment souhaité dresser des lignes rouges, sans parler d’indépendance.

Les mouvements militaires chinois dans les airs et en mer montrent-ils des intentions ?

Cette pression est constante. II y eut même des tentatives chinoises d’invasion dans les années 50 et de fortes tensions lors de la démocratisation taïwanaise en 1995. Contrairement à ce qu’on peut penser, la Chine a longtemps été un nain militaire, battue par le Vietnam en 1979. II a fallu attendre 2007 pour que les forces armées chinoises valent celles de Taïwan, un pays très riche qui compte des capacités défensives extrêmement solides depuis soixante-dix ans. Pékin a un discours plus offensif et intransigeant vis-à-vis de Taïwan. Depuis la rentrée, on assiste à une accélération pour plusieurs raisons : le facteur intérieur avec une croissance qui s’essouffle et la remise en cause du leadership de Xi Jinping. L’idée n’est pas nécessaire ment de préparer la guerre, mais de contraindre Taïwan à rentrer dans le rang. Xi Jinping joue sur deux tableaux : faire peur tout en gardant le dialogue ouvert avec Taïwan.


L’allié américain peut-il venir en aide à Taïwan ?

Dans le cas d’une agression chinoise, les États-Unis apporteraient un soutien militaire à Taïwan. Mais selon le Taiwan Relations Act de 1979, cette décision est soumise à l’appréciation de l’exécutif américain. Si Trump ne s’intéressait qu’à l’aspect commercial de la relation avec la Chine, Joe Biden a apporté, la semaine dernière, son soutien à Taïwan qui a valeur de symbole. Se pose la question du leadership américain en déclin dans l’Asie-Pacifique. Si les États-Unis veulent garder une image d’arbitre, ils sont contraints de faire quelque chose. Mais chacun sait à Washington, Pékin et Taipei qu’un conflit aurait des conséquences extrêmement fâcheuses. Nous sommes plus dans une guerre des nerfs avec une rhétorique agressive. Mais il suffit par fois d’une petite étincelle…

Que recherche la Chine ?

Côté chinois. on sait qu’une confrontation armée aurait des conséquences très lourdes, sans même parler d’intervention américaine. Car si on parle de mille missiles balistiques chinois braqués sur Taïwan, Taïwan en possède aussi orientés sur les points stratégiques chinois. Le ralentissement de l’économie chinoise, notamment dans le domaine de l’immobilier, peut aider à se tourner vers un ennemi extérieur. C’est un classique des relations internationales. Mais la recherche du statu quo est la solution la plus souhaitable et souhaitée de part et d’autre.




Propos recueillis par Olivier Berger pour La Voix du Nord.

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