06.11.2024
Le programme Covax « devrait repartir sur des ambitions plus modestes »
Presse
26 septembre 2021
Le mécanisme Covax a été créé à grand renfort de milliards, pour un résultat assez faible en termes de livraisons de doses concrètes pour les pays à bas revenus. Nous en sommes actuellement à environ 3 % de vaccination dans ces pays à bas revenus. Or ces pays, compte tenu de leur situation économique, sont dépendants en grande partie de ce mécanisme Covax, sans lequel il leur est difficile d’avoir accès à des vaccins.
Le modèle mis en place dès le début de la campagne s’est grippé car les doses n’ont pas pu être achetées. Ce programme, au départ, était tellement ambitieux qu’il est devenu irréaliste.
Les pays riches sont-ils responsables de cet échec ?
Les pays à hauts revenus qui ont soutenu le programme Covax, ont acheté la majorité des doses disponibles sur le marché. Ensuite, les accords d’achat se sont taris très vite avec l’explosion du nombre de cas en Inde, en particulier, et l’interdiction d’exporter leur production, empêchant ainsi l’approvisionnement de Covax. Ce dernier vit désormais majoritairement grâce aux dons de doses des surplus des pays riches.
Ceci explique que les pays à revenus intermédiaires ont mis beaucoup plus de temps à recevoir les doses qu’ils escomptaient. Face au risque de dépendre de Covax, tous ont eu des stratégies différentes pour accéder à des doses malgré tout. Des mécanismes régionaux se sont organisés pour réaliser des achats groupés, comme « Avat » en Afrique (The African Vaccine Acquisition Trust). Covax n’a pas pris les devants pour ouvrir son portefeuille de vaccins vers d’autres types de producteurs, comme la Chine, alors que beaucoup de pays ont pu vacciner leur population grâce à ces nouveaux entrants sur le marché.
Le nouvel objectif de vacciner 20 % de la population des pays pauvres vous semble-t-il crédible ?
Cet objectif de 20 % était le chiffre de l’OMS pour ce qui concerne les groupes les plus vulnérables. C’est un retour au projet initial, d’abord atteignable grâce aux mécanismes régionaux qui prendront le relais. Or Covax n’a pas de valeur ajoutée puisque ce mécanisme n’a pas permis d’obtenir de meilleurs prix sur les doses de vaccins. C’était une illusion. Et la question du prolongement de ce mécanisme, prévu jusqu’en 2022, peut se poser.
Il faudrait repartir sur des ambitions plus modestes. Et redéfinir les pays à soutenir. Les pays à revenus intermédiaires n’ont aucun intérêt à passer par ce type de mécanisme utilisant l’argent de l’aide publique au développement.
Cette crise nous a appris que les organisations régionales sont capables de se mobiliser pour obtenir des doses, alors que les mécanismes multilatéraux ne sont pas en capacité de le faire.
Propos recueillis par Hugo Tortel pour La Croix.