17.12.2024
Essence : « Ce n’est pas l’augmentation des prix des carburants qui va changer la donne pour les vacances »
Presse
6 juillet 2021
C’est un élément important, mais à relativiser. Dans un budget vacances, vous prévoyez l’essence, le logement, les repas, les activités… Dans cet ensemble, l’augmentation du prix du carburant est un petit élément. Car sur un trajet, cela va représenter de 5 à 10 euros. Donc ce n’est pas là-dessus que les gens vont se dire » Bon, j’avais prévu de partir, j’ai réservé, j’ai dégagé un budget, mais là, il y a une augmentation donc je ne pars pas « . Cela va un peu amputer le budget des ménages mais sans être considérable.
Evidemment, cela va compter pour les ménages les plus modestes, ce n’est pas complètement indolore. Mais dans un budget vacances, surtout après les confinements, quand une famille, un ménage, un couple, une personne a décidé de partir, ce n’est pas l’augmentation des prix du carburant qui va changer la donne.
Cela n’aura donc pas d’incidence sur la saison estivale ?
Il y a une forte motivation en 2021 pour partir en vacances. Tous les éléments le montrent : les transports, les logements. Les professionnels le disent, la demande est forte.
Cette hausse du prix des carburants est-elle une surprise ?
Pas du tout, et la surprise aurait été que les tarifs n’augmentent pas. Il y a un lien entre l’évolution de ces prix et celle des prix du pétrole brut, la matière première Or, ils sont orientés à la hausse ; depuis le début de l’année, on est à + 50 %. Une telle hausse ne pouvait qu’entraîner une hausse du prix des carburants.
Mais pas dans les mêmes proportions…
Parce qu’il y a un facteur-clé entre les prix du brut et ceux des carburants, ce sont les taxes. En France, les carburants automobiles sont très lourdement taxés, à environ 60 %, ce qui veut dire que l’augmentation ne touche pas les taxes, qui sont fixées pour une année. Ce qui augmente concerne le pétrole brut. Ça ne représente donc pas la majeure partie.
Comment expliquer une telle hausse du prix du brut ?
C’est lié à deux secteurs clés, l’un qui porte sur la demande pétrolière mondiale, l’autre sur l’offre. Et les prix sont évidemment souvent le résultat de ces mouvements. Nous avons en 2021 une forte reprise économique mondiale, après une année marquée par une récession liée à la pandémie de Covid-19. Il y a en plus un effet de rattrapage par rapport à 2020. Et lorsque l’économie redémarre comme ça, elle a besoin de consommer plus d’énergie, et donc plus de pétrole.
Cette situation va-t-elle s’installer dans le temps ?
Personne n’a de boule de cristal pour prévoir le prix du pétrole. Il y avait (cette semaine) la réunion de l’Opep + [l’Organisation des pays exportateurs de pétrole]. L’objectif de la concertation est de mettre davantage de pétrole sur le marché, pour tenir compte de la reprise économique mondiale. Mais encore faut-il qu’ils se mettent d’accord *. Leur décision aura un impact à court et à moyen terme sur les prix. Cela concerne les prochains jours, les prochaines semaines, et notamment cet été.
* Les membres de l’Opep + ont annulé leur réunion de lundi, sans se donner de nouveau rendez-vous. Cet échec des négociations pourrait conduire à une reconduction en août, et même au-delà, des quotas de production prévus pour juillet.