21.11.2024
L’arrivée au pouvoir de Joe Biden : un tournant pour la géopolitique mondiale ?
Presse
10 novembre 2020
Parce que la Russie s’attend à des relations compliquées avec Joe Biden. Elles n’étaient d’ailleurs pas très bonnes avec Donald Trump. On sait que ce dernier avait une vraie admiration pour Poutine, mais que, néanmoins, les sanctions contre la Russie ont été augmentées pendant le mandat de Trump du fait du Congrès. Mais Vladimir Poutine ne s’attend pas à grand chose du nouveau président américain.
D’autres pays comme le Mexique, le Brésil ou la Chine n’ont pas encore officiellement reconnu la victoire de Joe Biden. Concernant la Chine, la guerre commerciale amorcée par Donald Trump contre Pékin va-t-elle toucher à sa fin ?
Non, on peut même penser qu’elle repartira de plus belle parce que le seul point d’accord entre Républicains et Démocrates sur la politique étrangère était justement l’hostilité à la Chine. C’est une hostilité qui est systémique parce qu’il y a un déficit commercial extrêmement important. Joe Biden veut lui aussi ramener des emplois, il a gagné les États industriels, ou anciennement industriels du nord-est du pays, et c’est dans ces États que la perception d’une menace industrielle chinoise est la plus forte. On peut donc penser qu’il va continuer à s’opposer à la Chine, d’autant plus qu’il y a un rattrapage chinois des États-Unis, or pour tout président américain, qu’il soit Républicain ou Démocrate, le fait d’être rattrapé par la Chine est une perspective tout simplement angoissante.
L’Iran a en revanche déjà réagi à la victoire de Joe Biden. Le président iranien Hassan Rohani évoque une occasion pour les États-Unis de « se rattraper après les erreurs passées et de revenir sur la voie de l’adhésion aux engagements internationaux et au respect du droit international », en référence à la sortie des États-Unis de l’accord sur le nucléaire. Sur ce point, quelle est la politique envisagée par Joe Biden ?
Joe Biden était vice-président lorsque Barack Obama a signé l’accord sur le nucléaire iranien avec Téhéran et cinq autres partenaires. Il y est donc attaché. Il a dit au cours de la campagne qu’il reprendrait les négociations et que la rupture de cet accord avait été une erreur majeur de Donald Trump. Mais en même temps, on ne va pas revenir à l’accord signé tel qu’il était en 2015 parce que cinq années ont passées et parce que l’image de l’Iran aux États-unis est très négative. C’est toujours un peu délicat. Barack Obama avait été contre sa propre opinion publique et, quelque part aussi, contre Hillary Clinton qui était réticente par rapport au rapprochement. La marge de manœuvre de Joe Biden sera relativement étroite sur le dossier iranien.
Concernant le climat, on sait que Joe Biden est aux antipodes de Donald Trump. Il promet de réintégrer l’accord de Paris et vise un objectif de neutralité carbone pour les États-Unis d’ici à 2050 ? A-t-il vraiment les moyens de ses ambitions ?
On sait qu’il y a beaucoup de choses qui passent par les États, que tout n’est pas décidé au niveau de l’État fédéral. Plus de la moitié des États fédérés appliquent les accords de Paris, un État très important comme la Californie ou la ville de New York y sont très attachés. On peut donc dire que, grosso modo, les États qui ont voté Biden sont très attachés aux accords de Paris, ils les respectent, les incendies en Californie cet été ont tout de même frappé les esprits. On a bien vu qu’il y a avait une urgence climatique. Joe Biden aura donc un soutien, mais tous ceux qui pensent que ceci (sic : le réchauffement climatique) n’existe pas, que c’est un complot chinois qui a été inventé pour casser la dynamique américaine resteront effectivement réticents. Le fait que Joe Biden réengage les États-Unis dans l’accord est une bonne chose, mais tout n’est pas en son pouvoir.
Propos recueillis par Julien Pavy pour euronews