25.11.2024
L’Amérique au temps du Coronavirus
Presse
11 avril 2020
C’est la grande question ! Les élections sont prévues cette année pour le 3 novembre, c’est-à-dire le premier mardi après le premier lundi de novembre, et elles sont fixées par le Code des élections, qui est lui-même voté par le Congrès américain, puisque dans la Constitution il n’y a rien à ce sujet. Alors est-ce qu’elles vont avoir lieu ? Cela dépend en premier lieu de l’évolution de cette pandémie et de là où on en sera à ce moment-là. Malheureusement, sans boule de cristal, on n’a pas la réponse.
En revanche, ce qu’on peut se poser comme question, c’est « est-ce qu’on peut les reporter ? », parce que c’est ça le vrai enjeu démocratique : le président Trump peut-il décider unilatéralement, tout seul, de changer la date du scrutin ? Sur ce point, la réponse est très claire dans la Constitution : lui tout seul ne le peut pas puisque cette république repose sur le principe de la séparation des pouvoirs, qui se contrôlent les uns les autres : c’est donc au Congrès qu’il revient de décider d’un éventuel report. On peut penser que ce se fera si la pandémie est encore trop grave, s’il y a encore des morts par dizaines ou par centaines dans le pays, mais là on a une deuxième limite, qui est prévue dans la Constitution américaine : le mandat du président, quoi qu’il arrive, se termine à une date fixe. Cette date est donc prévue : il s’agit du 20 janvier 2020, à midi. À midi et une minute, Donald Trump ne sera plus président, à moins d’avoir été réélu.
Et que se passerait-il à ce moment-là ?
Tout cela est également déjà prévu : en cas de vacance du pouvoir, c’est le président de la Chambre des représentants qui assure l’intérim, puisque l’échéance du 20 janvier s’applique également à la fonction du vice-président : ce serait donc Nancy Pelosi qui serait à la tête du pays sauf si, comme c’est vraisemblable, la Chambre se choisit un nouveau président en décembre. Toutefois, pour que tout soit régulier et légitime, les élections à la Chambre devraient elles aussi se tenir auparavant, sous une forme ou une autre.
Donald Trump n’est-il pas paradoxalement en meilleure position aujourd’hui pour être réélu ?
Difficile d’être catégorique dans la réponse, car il y a un troisième larron qui s’est invité dans cette campagne. Le coronavirus change bien des choses et, en réalité, bouscule totalement le jeu. D’abord, Donald Trump est aujourd’hui « le protecteur de la nation » : c’est lui qui gère la crise et ce n’est qu’en fin de crise qu’on verra comment elle a été gérée. Pour le moment, c’est un peu la panique, à l’instar de ce qu’on peut voir également dans le reste du monde, et les dirigeants font ce qu’ils peuvent. Ils essaient d’inventer de solutions, mais cette crise est totalement inédite et tout est à inventer. On le voit avec les plans, notamment économiques, qui sont votés les uns derrière les autres, qui s’enchaînent d’ailleurs, si on en reste au contexte américain : le premier plan était de 2,5 milliards, aussitôt réévalué à 8,5 milliards par le Congrès ; on parlait déjà de sommes énormes. Mais le troisième plan, la loi CARES, a tout dépassé : 2200 milliards ! On a alors explosé tous les modèles qu’on avait en tête. Et cela continue pourtant déjà, avec un nouveau plan proposé à hauteur de 250 milliards, pour venir en aide aux PMI-PME, auquel les démocrates ont immédiatement ajouté une nouvelle demande de 100 milliards pour venir en aide au secteur hospitalier. Et il y a également de nombreux plans de secours qui sont votés dans les États, eux aussi de plusieurs milliards de dollars. Tout cela fait qu’on n’a pas le tableau complet de la gestion de la crise et qu’on n’a surtout aucune idée du ressenti du peuple américain face aux efforts consentis actuellement. Or, c’est bien ce ressenti qui va tout changer pour décider de la réélection de Donald Trump ou de la fin de son mandat.