21.11.2024
HE’S ALIVE !
Correspondances new-yorkaises
5 mars 2020
Et voilà…[1] Après ses victoires du Super Tuesday en Alabama, Arkansas, Caroline du Nord, Main, Massachusetts, Minnesota, Oklahoma, Tennessee, Texas et Virginie, Joe Biden, candidat de l’establishment démocrate, est bien parti pour remporter l’investiture.
Et depuis que mercredi matin, le pathétique candidat Mike Bloomberg s’est retiré au profit de celui qui, il y a encore quelques jours, s’annonçait comme candidat au Sénat et non à la présidentielle – les confusions du grand âge… -, il n’y a presque plus aucun doute possible.
Ce n’est malheureusement pas la victoire de Bernie Sanders en Californie et dans quelques autres primaires à venir qui changera la donne.
Car, même si Sanders réussissait, d’ici la convention de juillet à remonter la pente et à légèrement dépasser Biden en nombre de délégués, et que donc nous allions vers une brokered convention, ses chances seraient quasi nulles.
En effet, Nancy Pelosi, et autres clintoniens, veilleraient à ce qu’aucun candidat n’obtienne le nombre de voix nécessaires lors du premier tour de scrutin. Tous les délégués promis à un candidat seraient alors « libérés », c’est-à-dire, libres de changer leur allégeance. Si ce scénario se produisait entre Bernie Sanders et Joe Biden, nul doute qu’un second tour donnerait une nette majorité de délégués à l’ancien vice-président.
En 2016, le parti de l’âne et de Nancy Pelosi – pardon pour le pléonasme- a fait le choix d’un candidat centriste. On connaît le résultat.
L’histoire se répète et ainsi que je l’avais écrit il y a près d’un an dans ses colonnes, Joe Biden sera le candidat démocrate et, à moins d’un miracle, Donald Trump sera réélu[2].
Les républicains en sont si convaincus que dans de très nombreux États ils ont tout bonnement annulé leurs primaires et caucus, et cela bien que Bill Weld, ancien gouverneur du Massachusetts, se présente contre le président sortant.
Il est vrai, ainsi que le journal Le Monde l’apprenait récemment au public français, qu’une partie des électeurs du Donald – les évangéliques – voient très sérieusement en lui un « envoyé de Dieu », « l’élu » venu « sauver » les États-Unis, et même le monde.
D’autres reconnaissent même en lui un nouveau roi David ou le roi perse Cyrus, qui, selon l’Ancien Testament, fit reconstruire le temple de Jérusalem. « Les croyants pensent que Dieu organise les affaires du monde et se sert de gens imparfaits pour accomplir son dessein parfait. Trump a donc été élu selon Sa volonté. D’ailleurs, s’il n’est pas réélu, le pays sera en proie aux socialistes et aux haineux », clame un commentateur évangélique.
Comme pour appuyer ces propos, Chris Matthews, d’évidence l’un des plus fins chroniqueurs américains, nous averti sur NSNBC que, si les rouges de Bernie Sanders arrivent au pouvoir, nous assisterons très rapidement à des exécutions publiques dans Central Park.
Promoteur immobilier, présentateur télé, auteur de best-sellers qu’il n’a jamais écrit, président, le Donald n’avait sans doute pas imaginé que des millions d’Américains verraient un jour en lui « le sauveur envoyé par Dieu ». Grâce aux évangéliques, c’est désormais chose faite.
Alors, n’allons pas contre la volonté divine ! Tant pis pour Bill Weld, l’ancien gouverneur du Massachusetts, annulons les primaires républicaines et faisons fi de la démocratie !
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[1] HE’S ALIVE ! Le titre de cet article renvoie à la Une très amusante du New York Post, daté du 4 mars. On y voit une main de mort-vivant s’arracher d’une tombe et en arrière-plan une photo de Biden.
[2] Pour une analyse « détaillée », lire ma correspondance de juin 2019.
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Essayiste et chercheur associé à l’IRIS, Romuald Sciora vit aux États-Unis. Auteur de plusieurs ouvrages sur les Nations unies, il a récemment publié avec Anne-Cécile Robert du Monde diplomatique « Qui veut la mort de l’ONU ? » (Eyrolles, nov. 2018). Son prochain ouvrage, « Pauvre John ! Le cauchemar américain », sortira courant 2020 chez Max Milo.