20.12.2024
L’Europe va-t-elle (enfin) rattraper son retard dans le domaine numérique ?
Presse
21 février 2020
C’est une batterie importante de mesures, dont certaine d’ampleur, que la Commission a présenté mercredi dernier et dans le détail desquelles je ne vais pas nécessairement rentrer. D’un point de vue global, rappelons que la transition numérique du continent est l’une des grandes priorités de cette nouvelle Commission, avec le Green Deal notamment – et d’ailleurs l’articulation entre ces deux priorités ne sera pas évidente. Il est vrai que l’Europe a pris du retard dans le domaine du numérique, ce n’est une surprise pour personne. Elle a notamment raté la révolution des plateformes, qui a vu émerger les nouveaux géants industriels et financiers que sont les GAFAM et les BATX. Or, précisément, c’est en premier lieu à la dépendance des Européens vis-à-vis de solutions non-européennes que cette stratégie entend s’attaquer, en promouvant notamment la souveraineté technologique de l’Europe. Cette souveraineté technologique de l’UE, nouveau mantra de la Commission européenne, se trouve ici définie. Il s’agit de « créer les conditions qui permettront à l’Europe de développer et de déployer ses propres capacités critiques », réduisant de facto sa dépendance vis-à-vis des technologies critiques américaines ou chinoises. Une définition centrée sur les besoins et les valeurs européennes mais ouvertes à eux hors d’Europe prêts à respecter nos règles.
Alors, au centre de cette stratégie, il y a notamment une stratégie pour les données. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, selon vous, celle-ci est si importante ?
C’est potentiellement LA véritable révolution de la batterie de mesures présentée cette semaine : l’annonce de la création d’un espace européen des données, qui doit permettre aux entreprises européennes de tirer pleinement partie des données générées par l’activité des Européens. Le Financial Times, quotidien anglo-saxon de référence, ne s’y est d’ailleurs pas trompé en titrant que les géants numériques allaient désormais devoir partager les données qu’ils collectent. C’est en soi une révolution car c’est précisément de ces océans de données que ne veulent jamais partager ces géants.
Certes, cette « libéralisation » ne sera pas suffisante pour permettre aux entreprises européennes de tirer pleinement parti de ces données. Il nous faut maintenant réfléchir à des infrastructures européennes pour en permettre l’exploitation. Mais, un premier pas essentiel semble être sur le point d’être franchi.
Autre aspect particulièrement attendu le livre blanc sur l’intelligence artificielle pour que celle-ci soit « responsable et sous contrôle ». Pensez-vous qu’il existe vraiment la possibilité de développer une telle approche européenne ?
C’est l’autre mesure particulièrement attendue. Ici, rien de définitif. Seulement l’ouverture d’une consultation qui devrait durer toute l’année pour définir le champ d’application du futur règlement qui viendra encadrer l’utilisation des solutions d’IA en Europe. Là encore une réflexion doit également être menée sur les moyens de faire émerger des solutions européennes. Rendez-vous à la fin de l’année donc.