ANALYSES

Avec l’Iran, « la stratégie américaine de la pression maximum est un échec »

Presse
20 septembre 2019
« L’antagonisme entre les États-Unis et l’Iran est ancien, mais il y a eu un réel effort du précédent gouvernement américain pour se comprendre. Effort qui s’est réalisé dans l’accord sur le nucléaire de 2015, même si, certes, il n’y a jamais d’accord parfait.

La conséquence du retrait américain est énorme. Donald Trump a tout de suite eu un discours belliqueux, insultant. Alors que l’Iran tire 80 % de ses revenus du pétrole, il a dit ne plus vouloir qu’une seule goutte sorte du pays. C’est la politique américaine qui a méprisé le droit international et prévu d’affamer un pays pour qu’il se rende. Sauf que, quand on connaît l’histoire de l’Iran, pays qui s’est construit dans la résistance à l’agression, il est évident que cette stratégie ne peut pas fonctionner. Cette capacité à résister est culturelle. Cela fait quarante ans que les Iraniens subissent des sanctions. La population iranienne est nationaliste. Elle veut des négociations, mais pas si l’Iran est dans une position de faiblesse.

Modérés affaiblis et radicaux renforcés


Le risque, quand on observe la situation actuelle, c’est d’être dans l’événementiel, d’extrapoler à partir d’un événement dont on ne sait, en réalité, pas grand-chose. Quand on remet l’histoire dans l’ordre, c’est la stratégie américaine qui crée le risque actuel de guerre. Elle a affaibli le rôle des modérés et renforcé les radicaux au pouvoir. Il y a eu une montée du ressentiment contre les Européens et contre Trump très visible dans le pays. Toutes les attaques et insultes du président américain ont systématiquement entraîné un déchaînement antiaméricain très fort dans la presse conservatrice, presse qui a d’ailleurs salué l’attaque sur les installations saoudiennes.

Pour le moment l’Iran continue dans la stratégie lancée en mai. Téhéran montre ses forces et sa détermination tout en restant dans les limites pour ne pas déclencher une guerre. Son objectif reste le même : la levée des sanctions. Même le guide suprême envisage de revenir dans l’accord si les sanctions sont levées. La France a d’ailleurs joué un rôle important de ce côté-là, et doit maintenir et élargir le contact.

Pas de « gentil » ou de « méchant »


Trump a annoncé qu’il allait durcir les sanctions, mais que peut-il faire de plus que ce qui est déjà en place ? La stratégie de la pression maximum ne fonctionne pas, cette politique est un échec total. Pour le moment, les États-Unis continuent de pousser encore plus loin, sauf qu’au bout d’un moment ce sera soit la guerre, soit la reconnaissance que ça ne marche pas et qu’il faut changer d’approche.

Il faut arrêter de considérer l’Iran comme une menace permanente et négocier. Il n’est pas question de « gentil » ou de « méchant », simplement de respecter l’autre partie. Les Américains ont bien négocié avec les talibans ! »
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