ANALYSES

Carburants : « Les prix risquent de se maintenir à la hausse »

Presse
6 mai 2019
Interview de Francis Perrin - Le Parisien
Au mois d’avril, le prix du sans-plomb 95 à la pompe a atteint de nouveaux records : selon les chiffres du ministère de la Transition écologique, son prix est désormais en moyenne de 1,58 euro par litre. Une telle hausse n’avait plus été constatée depuis 2013. Comment l’expliquer ?

Comment explique-t-on la hausse du prix du pétrole brut ?

D’abord parce que les 14 pays de l’Organisation des pays producteurs de pétrole, (Opep) auxquels s’ajoutent 10 pays dont la Russie, ont décidé depuis le début de cette année de réduire la production pour faire monter les prix.

D’un côté on réduit la production, de l’autre la demande mondiale augmente ?

Oui. Elle est tirée par les pays émergents en Asie, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient. À cela s’ajoute un contexte géopolitique compliqué. Les sanctions américaines contre l’Iran, un important producteur de pétrole, tout d’abord. Mais également le Venezuela, dont la production a été divisée par trois en vingt ans. Dernier facteur : les relations sino-américaines. L’administration Trump a imposé plus de 250 milliards de dollars de droits de douane sur les exportations chinoises. Les marchés pétroliers anticipent un accord entre les deux pays, ce qui aurait un impact positif sur la demande pétrolière mondiale et ferait donc monter les prix.

Cela va-t-il durer ?

Difficile à dire. Certes les États-Unis, aujourd’hui premier producteur de pétrole au monde, vont continuer à produire et exporter plus. Et la consommation mondiale de pétrole va continuer à augmenter. Et même si on ne sait pas ce que décidera l’Opep, les États-Unis font pression sur l’Arabie Saoudite pour qu’elle augmente sa production. Même si l’Iran et le Venezuela ne s’aligneront sans doute pas. Et les décisions sont prises à l’unanimité au sein de l’Organisation, dont ces deux pays sont aussi membres. Les prix risquent donc de se maintenir à la hausse.
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