20.11.2024
Ces pays qui devraient profiter de l’exclusion de l’Iran du marché du pétrole
Presse
24 avril 2019
Quels sont les pays qui pourraient bénéficier de cette situation, et qui pourraient jouer le rôle de fournisseur alternatif au pétrole iranien pour les pays ici concernés ?
Les deux pays qui seront le plus mis à contribution pour compenser la baisse des exportations pétrolières de l’Iran sont les Etats-Unis eux-mêmes et l’Arabie Saoudite. Le premier d’entre eux produit chaque année de plus en plus de pétrole depuis une dizaine d’années environ et cela sera encore le cas en 2019 du fait de son potentiel de pétrole non conventionnel. Le second dispose d’une capacité de production disponible qu’il peut mobiliser à court terme pour contribuer à la stabilisation du marché pétrolier mondial. Il faut ajouter à ces deux producteurs clés les Emirats Arabes Unis qui peuvent produire un peu plus sans que cela soit comparable à l’apport des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite. Ces trois pays ont le même objectif stratégique, qui consiste à affaiblir l’Iran sans déstabiliser le marché pétrolier mondial, et ils ont la volonté et les moyens de faire ce qu’il faut pour y parvenir.
Outre ce trio, quelques autres producteurs pourraient produire un peu plus dans les mois qui viennent. On peut citer le Koweit, l’Irak, la Russie, le Canada et le Brésil.
Quel pourrait être l’impact, sur le moyen terme, d’une telle décision ? Peut-on compter sur une hausse de la production des pays producteurs, permettant de neutraliser la perte en provenance d’Iran ?
L’Administration Trump estime que les conditions sont réunies pour que le marché pétrolier puisse se passer totalement du pétrole iranien et qu’il n’est donc plus nécessaire d’accorder des dérogations à qui que ce soit, à la différence de ce qui a été fait entre le début novembre 2018 et le début mai 2019. Les dirigeants américains estiment qu’il n’y a pas de risque de pénurie de pétrole et se disent prêts à aider les pays qui importent encore du brut iranien à trouver des substituts grâce aux pays cités ci-dessus, dont les Etats-Unis eux-mêmes. Ce pays exporte en effet de plus en plus de pétrole et pourrait devenir dans les cinq ans qui viennent le deuxième exportateur mondial de pétrole derrière l’Arabie Saoudite, selon les projections récentes de l’Agence Internationale de l’Energie.
Les sanctions américaines ont déjà fait beaucoup chuter les exportations de pétrole iranien depuis un an et le pari américain n’est donc certainement pas impossible à gagner. Le point sensible est maintenant l’impact sur les prix du pétrole, qui ont augmenté de 3% environ dès l’annonce de la fin des dérogations le 22 avril. Le prix du Brent de la mer du Nord dépasse à présent $74 par baril, contre un peu plus de $50/b à la fin 2018. Les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite vont donc tenter de rassurer les marchés pétroliers pour éviter une flambée des prix, que l’Administration Trump veut absolument éviter.
Comment mesurer les conséquences d’une telle décision pour Téhéran ? Certains pays pourraient-ils encore se fournir, malgré tout, en Iran ?
C’est une très mauvaise nouvelle pour Téhéran même s’il ne s’agit pas d’une grande surprise. La production de pétrole brut de l’Iran a baissé de près de 30% en un an et ses exportations de 60%, ce qui est considérable. Et Téhéran n’a pas beaucoup de marge de manoeuvre face au rouleau compresseur américain. L’Iran va essayer de conserver trois clients, la Chine, l’Inde et la Turquie, mais ce ne sera pas facile et son pouvoir de négociation par rapport à ces trois pays sera fortement affaibli, ce qui peut impliquer de casser les prix pour tenter de les conserver.
Les Etats-Unis ne réussiront pas forcément à réduire à zéro les exportations pétrolières de l’Iran mais celles-ci devraient encore baisser dans les semaines et les mois à venir, ce qui va aggraver en Iran une situation économique et sociale déjà très difficile. Le pétrole représentait récemment 60-70% des exportations du pays.