17.12.2024
Etats-Unis/Iran : Donald Trump, arbitre de l’économie mondiale
Presse
23 avril 2019
On sait que dès son arrivée à la tête des Etats-Unis, Trump a montré son désaccord quant à la possibilité de normaliser les relations avec l’Iran. Pourquoi maintenant et pourquoi une décision si catégorique envers les pays importateurs de pétrole ?
Dès sa campagne électorale, Donald Trump a tiré à boulets rouges sur son prédécesseur Barack Obama et sur l’accord sur le nucléaire de 2015 en le qualifiant de « pire accord possible » pour les Etats-Unis. Il a donc été logique pour lui, dès son arrivée à la Maison Blanche, de mettre en place un processus de démantèlement de l’accord, qui a d’abord pris du temps, à cause des divergences au sein de son administration, mais qui a finalement été mis en place.
Il opère maintenant le deuxième volet de ses sanctions vis-à-vis de l’Iran. Le but étant de mettre les Iraniens à genoux afin de préserver les intérêts des alliés américains au Moyen-Orient et d’obtenir des concessions sur les plans géopolitiques et géostratégiques, à commencer par le programme nucléaire iranien.
Comment les Etats-Unis peuvent-ils imposer de telles sanctions ?
Dans un premier temps, ces sanctions sont légales, car elles sont avant tout prévues dans la législation américaine. Néanmoins, ce sont aussi des sanctions internationales et même si, sur le plan juridique elles sont illégales et unanimement contestées, par les différents Etats, ces derniers s’y plient car tout le monde a peur des Etats-Unis. Que ce soit les banques, Airbus, Total… Ils s’y sont tous pliés. Nous parlons quand même de la première puissance mondiale !
Des pays ont-ils la possibilité de s’affranchir de telles injonctions ?
Sur les huit pays concernés (la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Turquie, la Grèce, l’Italie, le Japon et Taïwan) seuls trois peuvent éventuellement s’opposer à ces sanctions. Il y a d’abord la Chine, deuxième puissance mondiale, mais aussi la Turquie (amenée à traiter avec les Etats-Unis sur différents dossiers et notamment celui de la Syrie) qui ont toutes les deux d’ores et déjà réagi à cette sortie de l’administration Trump. Dans une moindre mesure, l’Inde peut également s’y opposer.
Mais ne nous y trompons pas, cela ne se fera pas dans un affrontement, mais plutôt via des négociations. Le but, pour ces pays, sera d’essayer d’obtenir une réduction de l’importation du pétrole iranien plutôt qu’une cessation catégorique, et en échange de voir ce que les Etats-Unis pourraient proposer pour combler ce manque.
On a vu que le prix du baril a augmenté après cette annonce. Les Etats-Unis peuvent-ils garantir une régulation des prix du pétrole ?
Effectivement, nous avons pu observer une hausse de 2,5% à 3% du prix du brut. Moins de pétrole sur le marché implique forcément une hausse des prix. Mais l’an dernier, l’administration Trump s’était déjà fixée le défi de réussir une équation permettant de maintenir des prix stables, et cela a été un succès. C’est désormais un nouveau défi qui les attend.
Mais trois facteurs leur permettent de rester optimistes. Le premier, c’est qu’ils sont les premiers producteurs de pétrole et de gaz au monde. Le second, c’est que l’Arabie saoudite, est un allié majeur des Etats-Unis et qu’ils partagent le même objectif concernant l’Iran. Le chef de la diplomatie saoudienne Ibrahim al-Assaf a d’ailleurs salué la décision de Washington. Le troisième facteur, c’est que les Etats-Unis peuvent discuter avec certains membres de l’OPEP, dont les Emirats arabes unis.
Donald Trump ne montre-t-il pas ainsi qu’il reste l’arbitre de l’économie mondiale ?
Vous savez, l’administration Trump est peut être peu aimable et pas politiquement correcte, mais c’est une administration qui sait calculer les risques et les conséquences des différentes positions qu’elle peut prendre. La première puissance mondiale, c’est bel et bien celle qui, par le biais de ses alliances en terme de géopolitique et de géostratégie, peut réguler l’économie mondiale.
Propos recueillis par Malik Miktar