17.12.2024
Venezuela : « La Russie a l’intention de relever le défi lancé par les États-Unis »
Presse
29 mars 2019
Les décisions du gouvernement vénézuélien contre Juan Guaido sont les mêmes qui ont déjà été prises contre d’autres leaders de l’opposition. Aussi, elles ne supposent pas l’arrestation du leader de l’opposition, mais sa neutralisation électorale. Le leader de l’opposition ne représente, pour l’instant, aucun danger majeur. Il bénéficie juste de soutiens extérieurs, comme Nicolas Maduro.
Le fonctionnement réel du pays est surtout déstabilisé par le chaos économique et la pénurie énergétique, non par le président autoproclamé. Le gouvernement en place tend à démontrer les limites de l’exercice auquel s’est livré Juan Guaido en sortant de son rôle de président du parlement. Le choix des autorités de Caracas est de le laisser en liberté pour montrer qu’il n’a pas d’autorité réelle sur le pays ni d’incidence sur son fonctionnement
Que penser de la présence des soutiens extérieurs, notamment russes et américains, au Venezuela ?
La situation – tant économique et énergétique – peut se dégrader rapidement en raison des sanctions prises par les États-Unis. 7 milliards de dollars ont été gelés sur des avoirs pétroliers, et les sanctions visant à empêcher la société Petróleos de vendre sur les marchés mondiaux avec le dollar peuvent aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique. C’est l’enjeu principal, et c’est dans ce contexte qu’il faut d’abord interpréter l’arrivée des avions russes. Si la Russie a souhaité que la présence de ces avions soit rendue publique, c’est qu’elle a l’intention de relever le défi lancé par les États-Unis, pas tant au niveau militaire tel que Trump tient à le faire croire, mais plus d’un point de vue économique. La fermeture du bureau de Petróleos en Europe à Lisbonne pour le déplacer à Moscou laisse penser que les transactions devraient s’opérer dans une autre monnaie que le dollar.
Le Venezuela peut-il devenu un terrain de prédilection des tensions américano-russes ?
il est en train de se créer au Venezuela, un point de tension révélateur de ce que deviennent les relations internationales, au risque de voir se rejouer, d’une autre façon, le conflit qui existait entre États-Unis et URSS au XXe siècle. On en revient à des rivalités entre puissances mondiales. Cette affaire au Venezuela offre un terrain opportun pour cette opposition. En seront victimes, principalement, les populations vénézuélienne et d’Amérique latine plus largement. Il ne faut pas oublier que les sanctions des États-Unis, si elles font leur effet, feront se déplacer près de 2 millions de personnes supplémentaires, selon l’Office des migrations. Un désastre d’un point de vue humanitaire.
Propos recueillis par Antoine Pacquier