20.11.2024
Algérie : pourquoi la colère monte contre le régime de Bouteflika
Presse
7 mars 2019
Déjà les Algériens ne comprennent pas que le président veuille briguer un cinquième mandat. Depuis son AVC en 2013, il est affaibli et pour beaucoup ce n’est pas donner une bonne image de l’Algérie que de le voir s’accrocher au pouvoir. Plus globalement, les manifestants rejettent le système politique algérien qui est basé sur la concentration du pouvoir entre les mains d’une élite proche du clan Bouteflika. Celle-ci, par son immobilisme, est en décalage complet avec une jeunesse qui veut que l’Algérie évolue, se modernise. Il faut aussi souligner l’importance de la classe moyenne dans ce mouvement. Cette dernière devient de plus en plus importante mais son pouvoir d’achat ne cesse de baisser alors que dans le même temps les cercles proches du pouvoir s’enrichissent.
Quelle place a l’économie dans ce mouvement?
C’est l’autre grand problème de ces dernières années : malgré les efforts du gouvernement pour financer les infrastructures ou le logement, l’Algérie reste économiquement fragile et extrêmement dépendante des hydrocarbures. La chute des cours pétroliers en 2014 a aussi engendré une baisse des dépenses publiques et la paix sociale est donc plus difficile à trouver. A cause de ce modèle axé sur le pétrole, l’Algérie n’a pas assez diversifié son économie. Le système bancaire reste fragile et le pays ne parvient pas à produire assez de produits de base, ce qui ferait baisser l’inflation [celle-ci est de 7,5%, NDLR].
Pourquoi aucun successeur au président algérien n’émerge?
Au sein du régime il y a un vrai consensus autour du président Bouteflika. Il a réussi à asseoir son autorité grâce à des cercles économiques et politiques qui lui sont encore d’un soutien sans faille. Quand à l’administration et l’armée, elles ne sont pas dans une logique de soutien direct, mais privilégient la continuité du régime. Pour une grande majorité d’Algériens, Abdelaziz Bouteflika est celui qui a permis à l’Algérie de retrouver la paix après dix ans de guerre civile. Les gens contestent le régime mais pas la personne du président.
Comment voyez-vous la suite des événements?
Le régime va être obligé d’évoluer et de mettre en oeuvre la transition qu’il a annoncée. Il va falloir créer une nouvelle dynamique, amorcer le changement. En sera-t-il capable ? La suite le dira mais les dirigeants algériens doivent avoir à l’esprit, compte-tenu de la mobilisation des quinze derniers jours, que cette transition ne pourra pas se faire à huis clos.