21.11.2024
Hommage à Jacques Boyon
Tribune
16 janvier 2019
C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès de Jacques Boyon, survenu le 15 janvier 2019.
Jacques était un homme délicieux, d’un grand humanisme, toujours à l’écoute des autres et portant un regard lucide et distancié sur les hommes et la société. Sa clairvoyance ne lui laissait pas un excès d’illusions, mais ne l’empêchait pas de continuer à défendre ses convictions.
Je l’avais contacté en 1995, alors qu’il était président de la commission de Défense de l’Assemblée nationale pour lui demander s’il était prêt à recevoir mes étudiants du DESS d’études stratégiques de Paris-XIII que je dirigeais à l’époque. Malgré un agenda chargé, il avait immédiatement accepté et il les avait reçus pour leur expliquer, pendant deux heures, le travail parlementaire sur les questions de Défense. Il avait renouvelé l’exercice jusqu’à la fin de son mandat parlementaire.
Il est entré au conseil d’administration de l’IRIS en 1998 et il y a exercé les fonctions de président de 2005 à 2012. Moins disponible et prenant acte des évolutions politiques, il avait estimé en 2012, avec une très grande dignité, qu’il était préférable d’abandonner ce mandat. Le geste l’honorait, car il n’est pas fréquent de faire prévaloir l’intérêt de l’institution sur celui personnel. Jacques était apprécié par l’ensemble du spectre de la vie politique. Il fut un président toujours disponible, soucieux de transmettre aux nouvelles générations, garant de l’indépendance de l’IRIS. L’institution lui doit beaucoup, il l’a constamment protégée et aidée à grandir.
Son nom avait été associé à l’affaire des emplois fictifs du RPR. Il avait alors servi de bouc émissaire à un système généralisé à l’époque et dont il n’avait en aucun cas profité personnellement. Je peux témoigner que son intégrité était totale tant sur le plan intellectuel que matériel.
Son patriotisme, son amour de la France ne l’empêchait pas, bien au contraire, de respecter les autres peuples et nations et à vouloir les connaitre et les comprendre.
Il avait une haute idée de la nécessité d’une défense nationale, de l’indépendance de la France.
L’IRIS et moi-même ne pourront oublier ce que nous lui devons. Les conversations avec lui étaient toujours un mélange d’intelligence et d’humour, d’analyses pertinentes sur la France et le monde.