ANALYSES

États-Unis : « On peut s’attendre à une crise politique majeure en 2019 »

Presse
3 janvier 2019
Interview de - France Info
Donald Trump réclame cinq milliards de dollars pour construire le mur à la frontière mexicaine. Les démocrates proposent trois fois moins. Peut-on donc envisager la construction de ce mur ?

Ce sera difficile pour le président américain d’obtenir les financements pour ce mur parce que c’est devenu un symbole. Si les démocrates le lui accordent, ce sera une victoire politique majeure qui pourrait favoriser la réélection de Donald Trump en 2020. Voilà pourquoi il y a cette impasse. Donald Trump a bien compris que sa base souhaite qu’il soit ferme sur cette question. Et les démocrates ne sont pas prêts à lâcher le morceau non plus.

Peut-on s’attendre à d’autres bras de fer entre démocrates et républicains dans les prochains mois ?

Oui, il y en aura de nombreux. Rapidement la commission des moyens de la Chambre va réclamer et publier la feuille d’impôt de Donald Trump. Derrière il y aura de nombreuses commissions d’enquête sur toutes sortes de sujets, à commencer par les soupçons de collusion russe. Les démocrates possèdent désormais les moyens législatifs de combattre Donald Trump et ils ne vont pas s’en priver. On pense tout de suite à cette procédure de pré-destitution – l’impeachment – qui n’ira pas jusqu’à la destitution car Donald Trump garde le contrôle du Sénat. Mais en tout cas, on peut s’attendre, en cette année 2019, à ce que la crise politique devienne majeure et à ce que l’impeachment soit déclenché.

L’opposition démocrate joue-t-elle sa crédibilité en ce moment ?

Les démocrates sont divisés entre progressistes et modérés. Nancy Pelosi (qui devrait être élue jeudi à la présidence de la Chambre des représentants) doit à la fois satisfaire cette base progressiste, très anti-Trump, et en même temps elle doit montrer au pays que les démocrates ne sont pas dans l’obstruction systématique et qu’ils pourront proposer des lois. Ce sera une vaste affaire pour eux puisque les démocrates devront aller vers le compromis. Cela suppose de s’entendre avec la deuxième chambre [le Sénat], qui reste entre les mains des républicains.
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