18.11.2024
Président d’Interpol : « La disparition forcée est une pratique répandue en Chine »
Presse
8 octobre 2018
J’ai tout de suite pensé à une disparition forcée, c’est une méthode courante en Chine. On arrête quelqu’un, on le met au secret quelque temps, plusieurs jours, plusieurs mois, plusieurs années. Les plus chanceux réapparaissent un jour, les autres non. En revanche, ce qui m’étonne cette fois, c’est la fonction de la personne visée. Meng Hongwei était quand même président d’Interpol, c’est-à-dire le patron de l’organisation internationale de la coopération policière. C’est un poste central, visible et médiatique. S’attaquer à lui, c’est assez gonflé. En tout cas, pas très discret.
Comment fonctionnent ces disparitions forcées ?
Les autorités chinoises utilisent cette méthode de rétention pour obtenir des informations dans leur guerre contre la corruption, qui est un véritable fléau en Chine. Mais, souvent, ce n’est qu’un prétexte. Elles utilisent cette lutte contre la corruption pour éliminer les opposants et tous ceux qui dérangent. Ce dispositif de la loi chinoise a un nom : cela s’appelle la « résidence surveillée dans un lieu déterminé », plus souvent appelée RSLD. C’est une manière de serrer la vis, surtout lorsque le régime en place se sent critiqué.
Qui sont les personnes les plus touchées ?
Politiques, artistes, avocats, journalistes… Tous les milieux sont touchés. Récemment, une actrice chinoise [Fan Bingbing] a été portée disparue, avant de réapparaître comme par magie trois mois après. Elle a présenté ses excuses publiques pour un délit de fraude fiscale, et voilà, dossier clos. Des hommes d’affaires se sont eux aussi volatilisés avant de refaire leur apparition soudainement. On l’a aussi vu avec la condamnation à la prison à vie, il y a quelques années, de Bo Xilai, qui était pourtant une étoile montante du Parti communiste chinois. La liste est encore longue… Pour autant, impossible de vous donner plus de détails.