27.11.2024
L’Iran touché mais pas coulé par les sanctions américaines
Presse
7 août 2018
Ces sanctions aviveront une situation économique déjà dégradée. Certes, les échanges entre l’Iran et les États-Unis sont faibles. L’Iran exporte surtout des hydrocarbures, notamment vers l’Asie. La Chine et l’Inde achètent 40 % de son pétrole, la Corée du Sud et le Japon, 14 % et 5 %. On voit mal la Chine se soumettre à la pression américaine. Mais le principe d’extraterritorialité qui permet à la justice américaine de poursuivre hors de leurs frontières les entreprises étrangères est si dissuasif que nombre d’entre elles ne se sont pas empressées de revenir en Iran.
Comme face à la Corée du Nord, fermeté puis amabilité ?
Si telle est son intention, Trump se leurre. Déjà, Kim Jong-un semble l’avoir emporté. Et l’Iran n’est pas la Corée du Nord. L’Iran, c’est 80 millions d’habitants, un État millénaire et une culture d’un raffinement rare, manifeste dans sa diplomatie. C’est un pays qui présente une modernité occidentale avec une classe
moyenne importante et éduquée. Le sentiment patriotique y est aussi très fort.
Quel camp profite de ces sanctions en Iran ?
Les réformateurs ne peuvent se soumettre aux pressions américaines. C’est une question de survie politique. Les conservateurs, qui dénonçaient l’accord sur le nucléaire de 2015, se voient confortés.Mais les manifestations qui agitent le pays épousent des motifs plus économiques que politiques et mobilisent plus les classes défavorisées que les classes moyennes qui ont porté au pouvoir en 2013 un Rohani réélu confortablement en 2017. Puissants au parlement, les conservateurs ont besoin de son image pour que le pays ne soit pas plus isolé.
Propos recueillis par Jérôme Pilleyre