20.11.2024
Berlin entend garantir sa sécurité énergétique
Presse
17 août 2018
Quelle est l’importance accordée au projet Nord Stream 2 dans ces discussions ?
La question du gazoduc est centrale. Avec Nord Stream 1, qui existe déjà, il représentera plus de 110 milliards de mètres cubes de gaz par an expédiés par la Russie. C’est un pari allemand et un choix stratégique lourd sur le long terme. Berlin entend garantir ainsi sa sécurité énergétique. Merkel et Poutine évoqueront aussi la question des réexportations de gaz depuis l’Allemagne. Nord Stream 2 est décrié en Europe centrale, de même qu’aux Etats-Unis, qui désirent augmenter leurs exportations de gaz liquide en Europe. L’Allemagne a bâti une grande capacité de stockage gazier qui dépasse même ses besoins de consommation. Avec ce projet, elle se
Que représentent les échanges commerciaux entre l’Allemagne et la Russie ?
Les entreprises allemandes sont toujours à la recherche d’objectifs d’exportation et cherchent à sécuriser leurs investissements actuels. Entre les deux pays, les échanges commerciaux sont en augmentation, mais on est encore loin du niveau de 2012. Il y a eu une grosse détérioration en 2013, au moment de la révolution de Maïdan en Ukraine, mais les lobbys industriels allemands se sont mobilisés pour préserver leurs intérêts en Russie. En Allemagne, la politique suit les intérêts économiques. En 2017, les montants des échanges bilatéraux sont estimés à 25,9 milliards d’euros d’exportations allemandes vers la Russie, soit 20 % de plus qu’en 2016. Ces échanges concernent majoritairement des machines et des automobiles. Les exportations russes vers l’Allemagne ont augmenté de 19 % en 2017 par rapport à 2016. Elles représentent 31,4 milliards d’euros et se concentrent dans le secteur du gaz et du pétrole. Cette stratégie bilatérale au niveau du gaz a des répercussions fortes pour toute l’UE.
Quelle est la stratégie prônée par l’Union européenne au niveau de l’acheminement du gaz ?
La Russie est la principale source d’approvisionnement de gaz en Europe. La stratégie européenne s’est calquée sur celle de l’Allemagne, qui favorise la route du nord. Il y a dix ans, l’UE appelait à plus de diversification et voulait développer un «corridor sud», une route du gaz qui devait relier l’Azerbaïdjan à l’Europe en passant par la Turquie. On imaginait même une expansion vers l’Irak, mais l’idée a été abandonnée pour des soucis de sécurité. Aujourd’hui, cette route ne survit que sous la forme d’un ensemble de projets segmentés. Dès lors, l’importation de gaz depuis la Russie en passant par la mer Baltique n’a cessé de s’intensifier, en prenant bien soin de contourner l’Ukraine.