18.12.2024
La France réalise un « joli coup diplomatique » en invitant Saad Hariri, mais la situation au Liban reste « tendue »
Presse
17 novembre 2017
Karim Emile Bitar : C’est un assez joli coup diplomatique de la part de la France. Cela permet à l’Arabie saoudite de garder la face et à Saad Hariri de sauver sa face. Cela permet d’éviter une escalade supplémentaire dans une situation libanaise qui est assez tendue. Mais sur le fond, ça ne règle pas grand-chose. Tant qu’il n’y aura pas de retour à un modus vivendi entre ces deux puissances entre l’Iran et l’Arabie saoudite, la crise institutionnelle au Liban pourrait perdurer.
Le Liban est-il vraiment pris en otage ?
La question n’est pas de savoir si Saad Hariri est libre ou non de ses mouvements, c’est le Liban tout entier qui est pris en otage. Les leaderships libanais sont très affaiblis, très dépendants de leur parrains étrangers. On assiste à une volonté saoudienne de vouloir contenir l’influence iranienne au Moyen-Orient et même de la contrer. Mais, cette volonté saoudienne ne s’accompagne pas d’une stratégie claire, cohérente et mesurée. On est plus dans l’amateurisme, l’impulsivité et ça peut s’avérer très vite contreproductif.
Pourquoi le Liban se trouve-t-il coincé entre ces deux puissances ?
Déjà au 19e siècle, le Liban était le terrain où s’affrontaient les intérêts français et britanniques. Le système libanais, qui fonctionne sur un partage des postes entre les communautés religieuses, n’a pas permis l’émergence d’une citoyenneté libanaise qui aurait prémuni ce pays contre le jeu des puissants. Aujourd’hui, nous avons une situation très claire avec une communauté sunnite libanaise très largement soutenue par l’Arabie saoudite et une communauté chiite emmenée par le Hezbollah, qui dépend du soutien militaire et financier de l’Iran. Les perdants dans tout cela, c’est l’État libanais et la population civile libanaise qui serait la première à payer les pots cassés en cas d’escalade supplémentaire.