18.11.2024
Congrès du Parti communiste chinois. Une Chine mondiale et conquérante
Presse
18 octobre 2017
Destiné prioritairement au public chinois, le message est double : d’une part, la Chine entend participer pleinement aux institutions internationales, et peser de tout son poids ; d’autre part, offrir des alternatives à « l’ordre international » mis en place à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale et largement dominé par les États-Unis.
En janvier 2017, le discours prononcé à Davos par Xi Jinping a révélé au grand jour l’entreprise chinoise déjà largement amorcée depuis quelques années. À travers sa participation aux Nations unies, mais aussi à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine milite pour la mondialisation des échanges dont elle a grandement bénéficié depuis son entrée à l’OMC en 2001. Elle est également partie prenante à de nombreux traités internationaux.
Mais les quatre dernières années ont aussi mis en lumière la volonté chinoise d’établir ses propres institutions telles la Banque asiatique pour les investissements dans les infrastructures (BAII), ou le projet Belt and Road qui vise à développer des infrastructures dans une vaste région allant de la Russie orientale à l’Afrique, en passant par l’Asie centrale, le Moyen-Orient et le continent européen.
Pas à l’avantage des Occidentaux
Ces institutions visent à affirmer la puissance chinoise dans les domaines économique, diplomatique et stratégique, le tout accompagné d’une vaste politique de soft power, concert que Pékin cherche à s’approprier (non sans mal).
La vision d’une Chine ambitieuse figurera en bonne place dans le document final présenté au congrès. Le message sera retransmis abondamment dans les médias chinois. Cette situation est particulièrement nouvelle pour un parti qui s’interdisait, il y a encore une décennie, de « s’immiscer dans les affaires des autres ».
Les diplomates chinois, qui maintenaient un profil bas au siège des Nations unies, sont, aujourd’hui, parmi les plus actifs. Depuis une quinzaine d’années, il n’est guère de zone géographique délaissée sur le plan bilatéral ou régional. Et s’il ne s’agit plus de fédérer idéologiquement des régimes communistes qui ne se comptent plus que sur les doigts d’une main, on ne peut nier que de nombreux régimes accueillent avec empathie le « modèle de Pékin », mélange de capitalisme semi-étatique et d’autoritarisme politique.
On ne peut nier que le jeu mondial est en train d’évoluer sous la pression de ce puissant acteur. Au final, ce ne sera probablement pas à l’avantage des Occidentaux, empêtrés dans leurs errements économiques ou politiques (avec pour résultat le populisme et la montée des extrêmes). L’élection de Donald Trump aux États-Unis, le Brexit et le résultat obtenu par l’extrême droite allemande en sont les trois exemples les plus évidents.
Pour autant, l’Europe ne peut nier une communauté de valeurs avec l’Amérique. Quoi qu’en disent ceux qui prétendent défendre l’idée d’un rapprochement sino-européen au nom d’un antiaméricanisme primaire devraient s’interroger sur les valeurs qu’ils offrent en guise d’alternative.